vendredi 29 mai 2015

Le traitement des eaux contaminées du réacteur n°1

Mercredi, il a été annoncé par Tepco (Tôkyô Electric Power Co.) que le traitement des eaux contaminées du premier réacteur était terminé. 
Cela fait quatre ans depuis la catastrophe du 11 mars 2011 et le traitement de l’eau radioactive a été retardé en raison de problèmes avec les principales installations du traitement des eaux.
Tepco a donc annoncé le 27 mai dernier que 620 000 tonnes d’eau hautement radioactive ont été traités. De ce fait, le risque de fuites, et donc de pollution des sols environnants, à partir des réservoirs d’eau est maintenant extrêmement faible.
Selon Tepco, environ 440 000 tonnes d’eau ont été traitées à travers un système que l’on dit être capable d’éliminer 62 types différents de matières radioactives, à l’exception du tritium. Les 180 000 restantes ont été traitées par une autre installation capable d’éliminer le strontium.
On peut trouver différents types de matières radioactives dans les échantillons, comme l’iode, le tritium, le carbone, le deutérium, le protium et d’autres isotopes. C’est pourquoi les traitements des eaux et des autres déchets radioactifs sont longs et difficiles.
Cependant, malgré la fin annoncée du traitement, environ 300 tonnes d’eau contaminée sont toujours produites tous les jours dans un mélange des eaux souterraines et de celle déjà contaminée dans l’usine. Tepco prévoit « un mur de sol gelé » pour détourner les eaux souterraines directement dans l’océan avant qu’elles ne se mélange dans les bâtiments.

Sources: The Japan TimesThe Asahi Shimbun

mardi 19 mai 2015

Revendre une partie des gigantesques stocks d’uranium

L’électricien japonais Tepco, qui gère notamment le démantèlement de la centrale de Fukushima Daiichi, se préparerait à revendre une partie des gigantesques stocks d’uranium qu’il avait accumulés avant la catastrophe de 2011

Cherchant à redresser ses finances et à réorganiser son modèle économique, l’électricien japonais Tepco, qui gère notamment le démantèlement de la centrale de Fukushima Daiichi, se préparerait à revendre une partie des gigantesques stocks d’uranium qu’il avait accumulés avant la catastrophe de 2011. L’agence de presse Kyodo, qui a eu accès à un document interne du groupe, révèle que Tepco pourrait récupérer plus de 100 millions de dollars de la vente de plusieurs tonnes d’uranium acquises dans les années 2000.

L’électricien disposerait actuellement d’une réserve de 17,570 tonnes d’uranium (tU), ce qui lui permettrait en théorie de faire fonctionner pendant dix ans sa gigantesque centrale de Kashiwazaki-Kariwa, mais il ne peut charger aucune de ses tranches puisque toutes les centrales nucléaires du pays sont à l’arrêt. Si le groupe, comme les autres électriciens, parie sur une relance progressive du nucléaire au Japon dans les prochains mois, il estime qu’il n’aura plus besoin de sécuriser les volumes d’uranium qu’il gérait avant la catastrophe de Fukushima. Selon Kyodo, le groupe risque aussi de remettre en cause les contrats d’approvisionnement en uranium négociés, dans le passé, avec les grands fournisseurs de la planète.

Namie cultiver du riz destiné à la commercialisation

Dans la ville de Namie, non loin de la centrale nucléaire de Fukushima, actuellement à l’arrêt, un projet a débuté lundi en vue de cultiver du riz destiné à la commercialisation.

A Namie, l’ordre d’évacuation adopté après l’accident nucléaire de mars 2011 est encore en vigueur.

Des plants de riz ont été mis en terre dans des rizières du district de Sakata, qui se trouve dans la zone d’évacuation. Une vingtaine de personnes, dont des exploitants locaux et le maire de Namie, Tamotsu Baba, ont participé à l’opération.

Les responsables municipaux annoncent qu’1,3 hectare de rizières seront plantées cette année. Si la radioactivité des récoltes demeure en dessous des niveaux autorisés, la ville, en collaboration avec une coopérative agricole, envisage de le commercialiser.

Les autorités municipales veulent obtenir du gouvernement la levée de l’ordre d’évacuation d’ici mars 2017.

Elles espèrent avec cette initiative que les agriculteurs locaux pourront d’ici cette date reprendre leurs récoltes, et que cela incitera les habitants à rentrer chez eux.

démontage du couvercle du bâtiment du réacteur numéro un

La Compagnie d’électricité de Tokyo, Tepco, a commencé ce vendredi à travailler au démontage du couvercle du bâtiment du réacteur numéro un. Il s’agit de la première étape à accomplir pour pouvoir retirer le combustible usé qui se trouve à l’intérieur de ce bâtiment et donc à terme démanteler le réacteur. Le retrait du couvercle a pris dix mois de retard sur le calendrier prévu. Pour notre commentaire du jour, Noriyuki Mizuno, commentateur vétéran de la NHK, nous explique les mesures de sécurité qui vont devoir être prises pour procéder au démontage de ce couvercle. Il commence par nous révéler pourquoi les travaux ont pris du retard. 

Noriyuki Mizuno :
Les agriculteurs de Fukushima étaient de plus en plus inquiets que l’opération de démontage du couvercle risquait de contaminer leurs récoltes. Tepco a donc d’abord dû les rassurer avant de pouvoir se lancer dans cette tâche. Le couvercle avait été installé après l’accident nucléaire de 2011 pour éviter la dissémination des poussières radioactives. Mais pour procéder au retrait du combustible usé qui se trouve dans le bâtiment, Tepco doit tout d’abord procéder au démontage du couvercle et nettoyer ensuite les débris qui jonchent le site. 

Lorsque l’opérateur a procédé au retrait des débris qui se trouvaient dans un autre bâtiment contenant un réacteur, des substances radioactives se sont échappées hors de l’installation. Du césium radioactif en quantité supérieure aux limites imposées par le gouvernement a été détecté dans du riz cultivé dans des rizières de la préfecture de Fukushima situées sous le vent de la centrale. Mais Tepco n’avait à l’époque pas suffisamment donné d’explications aux agriculteurs. Ils se sont donc inquiétés que le même phénomène se reproduise. 

Tout le riz cultivé à Fukushima est contrôlé pour y déceler des substances radioactives. Les livraisons ne sont acceptées que pour le riz dont le niveau de radioactivité est inférieur à la norme. Mais à chaque fois qu’un problème survient, les agriculteurs sont victimes de rumeurs sans fondement concernant leurs produits. Tepco soutient qu’il n’est pas prouvé que la contamination du riz a été provoquée par les travaux de démantèlement. Mais l’opérateur a néanmoins révisé ses mesures de prévention de la dispersion radioactive et son système de contrôle, reconnaissant qu’il ne faisait aucun doute que le césium découvert dans le riz provenait bien de la centrale accidentée. Les travaux de démontage du couvercle ont finalement commencé vendredi dernier au réacteur numéro un, une fois que Tepco a pu mettre un terme à cette révision. 

Radio Japon : 
Comment va-t-on procéder pour démonter le couvercle ?

Noriyuki Mizuno : 
Il y a un certain nombre de tâches à accomplir avant que les ouvriers puissent commencer à démonter le couvercle. Tout d’abord, des produits chimiques spéciaux vont être répandus par un petit trou creusé dans un panneau du toit, ceci afin de solidifier la poussière. Ensuite, les ouvriers vont retirer le panneau, pour vérifier que le vent ne disperse pas de substances radioactives. Une fois qu’ils seront certains que ces substances ne se disséminent pas, ils vont répéter le processus panneau par panneau. Tepco se montre extrêmement prudent. Il va installer des appareils à l’intérieur du bâtiment du réacteur pour bien répartir les produits chimiques. Cela va prendre jusqu’à deux ans pour démonter la totalité du couvercle. Selon l’opérateur, ces efforts devraient significativement réduire les risques de dissémination des substances radioactives hors du bâtiment. De plus, Tepco a annoncé qu’il allait publier sur son site web le calendrier de travail. Il va également installer des équipements de mesure chargés d’émettre un avertissement sonore en cas de niveaux de radiation à risque, et le seuil qui déclenchera cette alerte va être abaissé. La firme a promis qu’en cas d’alerte, elle informera sans délai les autorités locales. Mais lorsque de l’eau de pluie contaminée s’est écoulée dans la mer en février de cette année, Tepco n’a pas respecté la consigne de publier des informations sur les niveaux de radiation atteints. Cela a provoqué une nouvelle crise de confiance de la part de l’opinion publique. Je pense que cette fois-ci, Tepco devrait informer les autorités locales immédiatement à chaque fois qu’il détectera quelque chose d’anormal, même si la situation n’est pas suffisamment grave pour donner l’alerte. 
Les dirigeants de Tepco devraient contrôler le processus de démontage en se mettant à la place des cultivateurs et des résidents locaux, et publier les informations en conséquence. 

RJ : 
C’était Noriyuki Mizuno, commentateur vétéran de la NHK, qui nous a expliqué comment allait être démonté le couvercle du bâtiment abritant le réacteur numéro un à la centrale nucléaire accidentée Fukushima Dai-ichi.


mardi 12 mai 2015

Retour à Fukushima

Sur le chantier pharaonique du démantèlement, 
les hommes de Tokyo Electric commencent 
enfin à envisager l’avenir

Une région très animée 

On a rarement vu une « région-fantôme » plus encombrée que les alentours de la centrale Dai-Ichi de Fukushima. Le no man’s land subitement apparu au lendemain de la catastrophe nucléaire le 11 mars 2011 est l’endroit le plus frénétique du Japon. Certes, la centrale est toujours ceinte d’une zone interdite de trente kilomètres de diamètre dans laquelle on peut « se déplacer, mais pas rester dormir », comme le précise Tatsuhiro Yamagishi, porte-parole de Tokyo Electric, l’opérateur de la centrale. Mais dès la lisière de ce périmètre maudit, tous les hôtels de la région affichent complet. Des milliers d’ouvriers, d’ingénieurs et de cadres d’entreprises du génie civil nippon font la navette entre leur chambre et le chantier pharaonique du démantèlement. Le nettoyage et la reconstruction des alentours a déjà vidé le pays de sa main d’œuvre (le Japon compte aujourd’hui 4 offres pour 1 demande d’emploi dans le secteur du bâtiment). Une tâche de Sisyphe, absurde, puisque la région se vidait de ses habitants avant la catastrophe. Et que la centrale ne produira plus jamais d’électricité. « Il y a des routes que nous avons décontaminées, qui ont été recontaminées par les pluies, et que nous devons redécontaminer...», égrène Tatsuhiro Yamagishi avec une certaine lassitude.
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Un champ de bataille

Le site de la centrale est aussi déroutant qu’un gigantesque champ de bataille, parcouru par des centaines d’hommes masqués, en combinaison intégrale. Ils étaient 4000 travailleurs il y a six mois. Ils sont aujourd’hui près de 7000. Il règne pourtant une fragile sérénité sur le site. « Nous sommes enfin sortis de l’urgence. Je ne peux pas dire que je suis devenu optimiste. En revanche, pour la première fois depuis trois ans, nous pouvons envisager l’avenir », assure Akira Ono (photo), le responsable de la centrale. Un homme discret, à l’uniforme de la même couleur de muraille que ses employés. La raison de son calme : les Japonais ont peut-être enfin trouvé une solution pérenne de décontamination de l’eau de refroidissement des réacteurs endommagés. Chaque jour, ces derniers reçoivent en effet 400 tonnes d’eau, qui deviennent radioactives au passage et dont une partie fuit dans le sol et la mer. L’essentiel de cette eau est stockée dans des réservoirs. « Un réservoir peut stocker 1000 tonnes d’eau, ce qui veut dire que nous devons installer un réservoir tous les deux jours et demi », explique Shunichi Kawamura, en charge de la gestion des risques. Le site aligne aujourd’hui près de 1000 réservoirs, pour 500.000 tonnes d’eau contaminée. Mais après des mois de tâtonnements, Tepco semble avoir mis au point une structure intègre de traitement de cette eau. Cette dernière, baptisée ALPS 3, est en phase de test. ALPS 3 retirera 62 des 63 nucléides nocives que contient l’eau contaminée. Dans le même temps, Tepco met en place un « mur de glace » souterrain qui doit « geler » les fuites d’eau contaminée des réacteurs.

40 ans de travaux


La résolution de ce problème permettra de se concentrer sur le gros œuvre. Les ouvriers ont déjà retiré les 1331 barres de combustible nucléaire endommagées du réacteur 4 qui menaçaient d’une nouvelle contamination. Mais ça n’est qu’un début : le démantèlement des six réacteurs du site, notamment trois dont le cœur a fondu après la catastrophe du 11 mars, prendra quarante ans. Au moins. Les robots qui iront nettoyer les réacteurs 1,2 et 3 (à partir de 2025) au mépris de la radioactivité restent à inventer. « Nous ne savons pas où se trouve le combustible endommagé dans ces réacteurs », avoue Akira Ono. Le démantèlement de Fukushima devrait coûter 10.000 milliards de yens (69 milliards d’euros). L’accident a gelé, peut-être à jamais, les mises en chantier de nouvelles centrales. Il a réorienté la politique énergétique du pays vers davantage de renouvelable. « Fukushima a sans doute accéléré le mouvement de concentration entre les opérateurs d’électricité régionaux. Avoir tant d’opérateurs au Japon n’a plus aucun sens économique », estime un industriel du secteur.