Au Japon, l'opérateur de la centrale nucléaire endommagée Fukushima Dai-ichi a pour la première fois autorisé des représentants des médias à pénétrer ce samedi dans le bâtiment d'un des réacteurs.
Pour limiter l'exposition aux radiations et gérer la sécurité, quatre journalistes et cameramen ont été choisis parmi les représentants des médias accompagnant le ministre en charge de la crise nucléaire Goshi Hosono. Les quatre sont entrés dans le bâtiment du réacteur 4 pour une observation qui a duré environ 30 minutes.
Au premier étage, le taux de radiation enregistré était de 500 microsieverts par heure au moment de la visite. Ce niveau de radiation entraîne une exposition à 1 millisievert après deux heures, soit le niveau annuel autorisé pour une personne.
Le bâtiment du réacteur a été fortement endommagé par une explosion d'hydrogène le 15 mars de l'année dernière, quatre jours après que la centrale eut été touchée par le tsunami déclenché par un puissant séisme.
Aucune fusion ne s'est produite dans le réacteur parce qu'il était provisoirement à l'arrêt pour une inspection de routine et le combustible nucléaire avait été transporté vers une piscine de stockage. La piscine contient 1535 barres de combustible et Tepco envisage d'y poser un couvercle dans le cadre des préparatifs en vue du début de l'enlèvement des barres l'an prochain.
dimanche 27 mai 2012
vendredi 25 mai 2012
Japon: les fuites de Fukushima 2,5 fois plus fortes qu'annoncé
Les fuites radioactives de la centrale nucléaire de Fukushima juste après la catastrophe de mars 2011 ont été deux fois et demi supérieures aux estimations des autorités japonaises. Selon Tokyo Electric Power, 99% d'entre elles ont eu lieu durant les trois premières semaines.
Les radiations émises pendant cette période ont représenté un sixième de celles de la catastrophe de Tchernobyl, en 1986, a indiqué jeudi l'opérateur de la centrale dans un rapport.
Selon Tepco, la fusion probable de trois réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi a rejeté dans l'air quelque 900'000 terabecquerels de substances radioactives.
OMS rassurante
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié mercredi un rapport d'évaluation plus rassurant. Les doses radioactives reçues par la population japonaise après l'accident nucléaire de Fukushima l'an dernier sont restées en grande partie en dessous des normes internationales.
L'OMS souligne toutefois qu'elles ont été dépassées dans deux endroits au Japon et qu'en dehors de la préfecture de Fukushima, la contamination s'est produite avant tout à travers la nourriture.
(ats / 24.05.2012 20h05)
mardi 22 mai 2012
cooling water may be leaking from a second reactor
Japanese scientists say cooling water may be leaking from a second reactor at the Fukushima Daiichi nuclear plant. They say the water level of the reactor's containment vessel is much shallower than previously thought.Researchers at the government-backed Japan Nuclear Energy Safety Organization analyzed the internal pressure and other data from the No.1 reactor.They say the water in the vessel is about 40 centimeters deep. The plant's operator, Tokyo Electric Power Company, says the water should have a depth of about 2 meters.They say water may be leaking from a hole in a pipe 40 centimeters from the bottom of the vessel. The pipe is connected to the suppression chamber below. The hole is estimated to be 2 centimeters across.The power company says that despite the low water level, the nuclear fuel in the vessel is sufficiently cooled at about 30 degrees Celsius.In March, the utility used an endoscope to find that the water level inside the No.2 reactor had fallen to 60 centimeters.The water leaks at the two reactors could make the task of decommissioning the plant more difficult. The utility plans to fill the containment vessels with water to remove melted fuel.
dimanche 20 mai 2012
débris provenant du tsunami
Le gouvernement américain redouble d'efforts pour surveiller la gigantesque quantité de débris provenant du tsunami historique de mars 2011 au Japon mais ayant dérivé à travers l'océan Pacifique jusqu'à la côte ouest des Etats-Unis.
L'Administration océanique et atmosphérique nationale, la NOAA, a renforcé depuis le mois de mai sa surveillance des débris provenant de la mer. Certains fragments ont déjà atteint les régions nord du continent américain et se sont échoués sur les côtes de l'Alaska et de la Colombie britannique, au Canada.
Selon la NOAA, les débris du tsunami vont probablement arriver rapidement sur les côtes des Etats de Washington, de l'Oregon et de Californie. Des groupes de bénévoles ont prévu de rester vigilants sur la côte ouest et de contribuer ainsi aux efforts de surveillance d'éventuels débris.
Selon le gouvernement japonais, environ 1 million 500 000 tonnes de débris provenant du tsunami flottent actuellement dans le Pacifique.
L'Administration océanique et atmosphérique nationale, la NOAA, a renforcé depuis le mois de mai sa surveillance des débris provenant de la mer. Certains fragments ont déjà atteint les régions nord du continent américain et se sont échoués sur les côtes de l'Alaska et de la Colombie britannique, au Canada.
Selon la NOAA, les débris du tsunami vont probablement arriver rapidement sur les côtes des Etats de Washington, de l'Oregon et de Californie. Des groupes de bénévoles ont prévu de rester vigilants sur la côte ouest et de contribuer ainsi aux efforts de surveillance d'éventuels débris.
Selon le gouvernement japonais, environ 1 million 500 000 tonnes de débris provenant du tsunami flottent actuellement dans le Pacifique.
jeudi 17 mai 2012
investigating the nuclear accident
Japan's parliamentary panel investigating the nuclear accident at the Fukushima Daiichi power plant says ministry officials handling the nuclear issue at that time lacked a sense of crisis.Panel chair Kiyoshi Kurokawa made the remark on Wednesday after testimony at a panel meeting by Kazuo Matsunaga, who was the administrative vice minister for economy, trade and industry at the time of the accident.Kurokawa said that during the meeting the former vice minister often declined to clarify his responsibility for taking preventive measures against possible disasters as well as emergency response measures after the accident.He also said the testimony made it clear that ministries in charge of the nuclear policy were not competent enough to bear the responsibility for such an issue.Kurokawa added that his panel aims to submit a final report in June on the cause of the accident and suggestions to prevent a recurrence.Earlier in the day, the former administrative vice minister was asked how he was involved in work to decide evacuation areas around the troubled plant.Matsunaga responded that he was aware that his ministry was leaving such a matter to the Nuclear and Industrial Safety Agency.Asked about responses by his ministry to the 2004 Indian Ocean tsunami, he said that discussions might have been taking place within the agency. But he added that he doesn't believe he received a report on the matter.
A vehicle that can be driven in radioactively contaminated areas
A vehicle that can be driven in radioactively contaminated areas has been shown to media.The nuclear, biological and chemical reconnaissance vehicle was unveiled on Wednesday at a Ground Self-Defense Force post in Saitama City, north of Tokyo.SDF officials say the vehicle has highly airtight armor and an air cleaning device, and can also be used in areas contaminated by toxic gases and bacteria.The vehicle's operator can use its sensor to detect outside radiation and get data on toxic gases and bacteria.Unlike such vehicles used for the Fukushima Daiichi nuclear plant accident, the new one can send out collected data immediately, allowing the SDF to assess situations quickly and draw up decontamination plans.The vehicle is expected to cost about 9 million dollars. Three have been deployed.The GSDF says it plans to deploy dozens of the vehicles around the country.
lundi 14 mai 2012
"A Fukushima, ce sont les femmes qui se mobilisent"
"A Fukushima, ce sont les femmes qui se mobilisent"
Des parents réunis à Tokyo le 12 juillet 2011 lors d’un meeting pour protéger les enfants des radiations / ©KO SASAKI/The New York Times-REDUX-REA
« De Tchernobyl à Fukushima », c’est le thème du forum sur la radioprotection qui se tiendra à Genève, en Suisse, les 12 et 13 mai. Organisé par l’IndependantWHO, un mouvement citoyen créé par un collectif d’associations, il rassemblera des scientifiques mais aussi de simples citoyens venus du monde entier, et en particulier de Fukushima, au Japon.
Interview de Kolin Kobayashi, journaliste japonais, correspondant du Days Japan en France.
Interview de Kolin Kobayashi, journaliste japonais, correspondant du Days Japan en France.
A-t-on déjà une idée de l’impact de Fukushima sur la santé des Japonais ?
Il va y avoir de gros problèmes, c’est évident. Un organisme français indépendant de mesures, l’Acro, a fait des analyses d’urine parmi les habitants : tous les échantillons prélevés chez les enfants sont contaminés et une majorité de ceux des adultes le sont également. Même à 250 kms de la centrale, des enfants sont touchés. C’est une contamination qui dure, qui est inquiétante et qui se traduit par des saignements de nez, des diarrhées, des vomissements, etc. chez les petits. Des cas de morts subites chez les adultes ont aussi été rapportés, y compris à Tokyo.
Mais il est difficile d’établir le lien de causalité avec la catastrophe car les médecins ne disent pas forcément la vérité. Une jeune femme de Fukushima s’est réfugiée à Tokyo alors qu’elle était enceinte. A l’échographie, son gynécologue a vu que son bébé souffrait d’une grave malformation. Il lui a conseillé d’avorter, ce qu’elle a fait, mais il s’est bien gardé de lui parler de la radioactivité.
Les autorités refusent de faire une enquête épidémiologique. Au début, elles ont voulu rassurer la population en affirmant que la pollution radioactive ne correspondait qu’à 10% de celle rejetée à Tchernobyl. On sait aujourd’hui qu’elle est similaire, certains scientifiques estiment même qu’elle pourrait être plus importante. Or, avant Tchernobyl, 80% des enfants ukrainiens étaient en bonne santé, ils ne sont plus que 25% aujourd’hui. Il n y a pas que des cancers, ils ont une baisse de l’immunité, des malformations, des problèmes cardiaques... On peut s’attendre à quelque chose de cet ordre-là à Fukushima.
Mais il est difficile d’établir le lien de causalité avec la catastrophe car les médecins ne disent pas forcément la vérité. Une jeune femme de Fukushima s’est réfugiée à Tokyo alors qu’elle était enceinte. A l’échographie, son gynécologue a vu que son bébé souffrait d’une grave malformation. Il lui a conseillé d’avorter, ce qu’elle a fait, mais il s’est bien gardé de lui parler de la radioactivité.
Les autorités refusent de faire une enquête épidémiologique. Au début, elles ont voulu rassurer la population en affirmant que la pollution radioactive ne correspondait qu’à 10% de celle rejetée à Tchernobyl. On sait aujourd’hui qu’elle est similaire, certains scientifiques estiment même qu’elle pourrait être plus importante. Or, avant Tchernobyl, 80% des enfants ukrainiens étaient en bonne santé, ils ne sont plus que 25% aujourd’hui. Il n y a pas que des cancers, ils ont une baisse de l’immunité, des malformations, des problèmes cardiaques... On peut s’attendre à quelque chose de cet ordre-là à Fukushima.
Les citoyens sont-ils très mobilisés ?
Le gouvernement n’ayant pas su bien gérer la catastrophe et protéger la population, des laboratoires citoyens de mesures de la radioactivité se sont créés. En moins d’un an, environ mille ont vu le jour, surtout à la demande de parents qui sont organisés en réseau pour évaluer la contamination de la nourriture, notamment dans les cantines scolaires et les supermarchés. La population essaie ne plus consommer les produits de la région de Fukushima et d’acheter ceux qui viennent de l’ouest du Japon, mais on mange encore des aliments contaminés car les mesures sont très partielles et les produits qui viennent d’ailleurs sont chers.
Un réseau national de pédiatres qui travaille avec les Ong s’est également constitué il y a quelques mois. Mais à part quelques activistes, ce sont principalement les femmes qui se mobilisent. Chaque vendredi, depuis l’automne, elles se rassemblent devant le ministère de l’Economie et de l’Industrie et devant la résidence du Premier ministre pour manifester. Dans les familles, ce sont elles aussi qui prennent l’initiative de quitter la région de Fukushima et de déménager puisque seules les personnes habitant dans un périmètre de 20 kms autour de la centrale ont été évacuées.
Cela créé parfois des divorces, mais les femmes sont conscientes des dangers de la contamination pour leurs enfants, elles sont inquiètes pour eux. Les hommes, eux, ont peur de perdre leur travail et de ne pas en retrouver ailleurs. Le 11 mars dernier, un an après le tsunami, 16 000 personnes ont manifesté à Fukushima, 20 000 à Tokyo. Cela peut paraître faible comparé à ce qui se passe en Europe, néanmoins, les sondages laissent apparaître que l’opinion publique japonaise est plutôt majoritairement contre le redémarrage des centrales au Japon.
Un réseau national de pédiatres qui travaille avec les Ong s’est également constitué il y a quelques mois. Mais à part quelques activistes, ce sont principalement les femmes qui se mobilisent. Chaque vendredi, depuis l’automne, elles se rassemblent devant le ministère de l’Economie et de l’Industrie et devant la résidence du Premier ministre pour manifester. Dans les familles, ce sont elles aussi qui prennent l’initiative de quitter la région de Fukushima et de déménager puisque seules les personnes habitant dans un périmètre de 20 kms autour de la centrale ont été évacuées.
Cela créé parfois des divorces, mais les femmes sont conscientes des dangers de la contamination pour leurs enfants, elles sont inquiètes pour eux. Les hommes, eux, ont peur de perdre leur travail et de ne pas en retrouver ailleurs. Le 11 mars dernier, un an après le tsunami, 16 000 personnes ont manifesté à Fukushima, 20 000 à Tokyo. Cela peut paraître faible comparé à ce qui se passe en Europe, néanmoins, les sondages laissent apparaître que l’opinion publique japonaise est plutôt majoritairement contre le redémarrage des centrales au Japon.
Justement, après l’arrêt du dernier réacteur en activité, le 5 mai dernier, est-ce la fin du nucléaire au Japon ?
C’est difficile à savoir car la position du gouvernement est vague et ambiguë : le Premier ministre parle d’un redémarrage des réacteurs l’année prochaine, d’autres estiment que ce n’est pas possible, d’autant que trois grands séismes sont prévus près du Mont Fuji dans les quatre ans à venir. Ce serait de la folie de prendre ce risque. Mais tout est possible : il ne faut pas oublier que le Japon s’est engagé dans le nucléaire pour garder la maîtrise de la bombe atomique et qu’il dispose de 45 tonnes de plutonium prêt à être converti.
On ne sait pas non plus jusqu’à quel point les citoyens vont être capables de résister au lobby nucléaire. On est dans un contexte de dépression en ce moment. A Fukushima, les agriculteurs ont été touchés de plein fouet par l’explosion du réacteur, ils ont tout perdu, certains se sont suicidés, d’autres sont partis. Quant aux vieilles personnes qui ont dû quitter leur domicile, elles ont perdu espoir, elles ne supportent plus leur vie de réfugié. A Tokyo, par exemple, les gens ne veulent plus parler de Fukushima. C’est trop douloureux et ils l’impression que c’est sans issue.
Les Japonnais ont été très mobilisés contre le nucléaire jusqu’à la fin des années 60. Mais la répression, notamment à travers l’armée d’occupation américaine, a été telle qu’ils ne le sont plus tellement aujourd’hui. Pendant sept ans, les témoignages des irradiés de Nagasaki et d’Hiroshima ont été interdits. Cela a généré un affaiblissement des luttes sociales d’autant qu’à chaque fois que les Japonnais ont revendiqué, ils ont perdu. Ils ont fini par intégrer un sentiment de défaite qui explique que la jeune génération ne se sent pas très concernée, très peu d’étudiants se mobilisent. Ça bouge quand même doucement : pour la première fois, le parti communiste japonais s’est prononcé contre le nucléaire alors qu’il considérait jusque là que c’était un progrès.
On ne sait pas non plus jusqu’à quel point les citoyens vont être capables de résister au lobby nucléaire. On est dans un contexte de dépression en ce moment. A Fukushima, les agriculteurs ont été touchés de plein fouet par l’explosion du réacteur, ils ont tout perdu, certains se sont suicidés, d’autres sont partis. Quant aux vieilles personnes qui ont dû quitter leur domicile, elles ont perdu espoir, elles ne supportent plus leur vie de réfugié. A Tokyo, par exemple, les gens ne veulent plus parler de Fukushima. C’est trop douloureux et ils l’impression que c’est sans issue.
Les Japonnais ont été très mobilisés contre le nucléaire jusqu’à la fin des années 60. Mais la répression, notamment à travers l’armée d’occupation américaine, a été telle qu’ils ne le sont plus tellement aujourd’hui. Pendant sept ans, les témoignages des irradiés de Nagasaki et d’Hiroshima ont été interdits. Cela a généré un affaiblissement des luttes sociales d’autant qu’à chaque fois que les Japonnais ont revendiqué, ils ont perdu. Ils ont fini par intégrer un sentiment de défaite qui explique que la jeune génération ne se sent pas très concernée, très peu d’étudiants se mobilisent. Ça bouge quand même doucement : pour la première fois, le parti communiste japonais s’est prononcé contre le nucléaire alors qu’il considérait jusque là que c’était un progrès.
samedi 5 mai 2012
5 mai nucléaire fini au japon !
Le dernier réacteur nucléaire commercial encore en fonction au Japon sera fermé aujourd'hui samedi, pour inspection régulière.
Ce sera alors la première fois en 42 ans que l'électricité sera d'origine non nucléaire au pays.
Selon les dirigeants de la compagnie d'électricité de Hokkaido, la production du réacteur numéro 3 de la centrale nucléaire Tomari commencera à baisser dès 17 heures, puis cessera à 23 heures ce soir. Le réacteur sera complètement mis hors service demain dimanche à 2 heures du matin.
Les entreprises productrices d'électricité ont soumis à l'Agence gouvernementale de sûreté nucléaire et industrielle les résultats des tests de résistance de 19 réacteurs maintenant hors service. Cette étape est essentielle avant que les réacteurs puissent être remis en fonction.
Le gouvernement japonais indique que deux réacteurs présentement fermés à la centrale nucléaire d'Ohi dans la préfecture de Fukui respectent les nouvelles normes de sécurité. Les autorités à Tokyo tentent de convaincre la population vivant près de la centrale d'accepter le redémarrage des réacteurs.
Mais aucune remise en service n'est prévue pour les cinquante réacteurs nucléaires commerciaux du Japon.
Ce sera alors la première fois en 42 ans que l'électricité sera d'origine non nucléaire au pays.
Selon les dirigeants de la compagnie d'électricité de Hokkaido, la production du réacteur numéro 3 de la centrale nucléaire Tomari commencera à baisser dès 17 heures, puis cessera à 23 heures ce soir. Le réacteur sera complètement mis hors service demain dimanche à 2 heures du matin.
Les entreprises productrices d'électricité ont soumis à l'Agence gouvernementale de sûreté nucléaire et industrielle les résultats des tests de résistance de 19 réacteurs maintenant hors service. Cette étape est essentielle avant que les réacteurs puissent être remis en fonction.
Le gouvernement japonais indique que deux réacteurs présentement fermés à la centrale nucléaire d'Ohi dans la préfecture de Fukui respectent les nouvelles normes de sécurité. Les autorités à Tokyo tentent de convaincre la population vivant près de la centrale d'accepter le redémarrage des réacteurs.
Mais aucune remise en service n'est prévue pour les cinquante réacteurs nucléaires commerciaux du Japon.
jeudi 3 mai 2012
mercredi 2 mai 2012
Sans nucléaire, le Japon continue à vivre
Sans nucléaire, le Japon continue à vivre
Le dernier réacteur nucléaire japonais devrait être arrêté début mai. L’absence de nucléaire a pu être compensée, mais les solutions sont temporaires.
Le printemps n’est pas encore arrivé au Japon et les nuits restent fraîches. Dans la grande maison de la famille Sawada située dans la banlieue résidentielle de Sendai, capitale de la préfecture de Myagi au nord-est du Japon, seul le grand salon bénéficie du chauffage. Les éclairages tamisent ce grand espace au cœur duquel trône la cuisine à l’américaine. « Tout l’hiver nous avons fait très attention à notre consommation d’électricité », explique Ryoko la maman, assistante maternelle dans une crèche de la ville. Les hivers rigoureux sous ces latitudes nord, touchées par le tsunami de 2011, n’ont pas empêché les Japonais de faire de sérieuses économies d’énergie. « Un seul radiateur fonctionne ici et dans la cuisine, je n’utilise plus aveuglément les appareils électroménagers comme par le passé », ajoute Ryoko en montrant une cuisine ultra-équipée de tous les gadgets possibles.« L’isolation de notre maison est très bonne, assure quant à lui Toshiro le papa,nous pouvons ainsi économiser beaucoup d’électricité et de gaz. »
Couper le chauffage pour économiser l’énergie
Dans les chambres du premier étage, les chauffages sont restés coupés tout l’hiver.« On se prépare une petite bouillotte placée sous la couette, explique Miwa, 29 ans, leur fille, professeur dans un lycée de la banlieue sud, et on s’habitue. Après la catastrophe du 12 mars 2011, tout le monde a fait des efforts d’économie d’énergie car tous les réacteurs nucléaires sont pratiquement arrêtés depuis l’été dernier. Une des choses que nous avons apprises à l’école, depuis notre enfance, c’est que le Japon n’a aucune ressource naturelle. Le gouvernement nous a demandé d’être économes et chacun fait le maximum pour que l’énergie bénéficie aux entreprises afin qu’elles puissent continuer à produire. »
Alors que le dernier réacteur nucléaire (sur les 54 que compte le pays) du Japon, sur l’île d’Hokkaido, devait être arrêté à partir du 5 mai pour une session d’entretien régulier, les 130 millions d’habitants ont appliqué de façon très disciplinée les appels du gouvernement à réduire sa consommation d’énergie. À la mairie de Sendai par exemple, comme dans tous les bureaux de l’administration du Japon, des consignes nouvelles ont été données : toutes les lumières doivent être éteintes avant de quitter les bureaux le soir, une personne est chargée de vérifier. Les bureaux qui ouvrent à 9 heures le matin ne seront plus chauffés qu’à partir de 8 h 30, et le soir, le chauffage sera éteint à 16 h 30, une demi-heure avant la fermeture.
Dans les petits restaurants de la ville, les mêmes consignes sont mises en œuvre :« Nous plaçons les clients dans des espaces bien définis afin de ne pas chauffer les autres salles si l’affluence est moindre », explique une serveuse, ajoutant que le patron avait tenu « à ce que les éclairages soient diminués du tiers durant la journée ». Dans sa petite entreprise de fabrication de circuits électriques qui a échappé au tsunami dans la banlieue de Sendai, Yoshiro a lui aussi réduit ses dépenses énergétiques. « En faisant un peu d’effort, nous avons réussi à payer 30 % de moins de frais d’électricité », assure-t-il.
Forte demande sur les énergies fossiles
À elles seules toutefois, les économies d’énergie n’ont pas compensé la demande, largement comblée par une intensification de l’utilisation des installations thermiques dont certaines (sur les 93 centrales thermiques du pays) ont été redémarrées. Cela a nécessité une très forte hausse des importations de sources d’énergie fossile (pétrole, gaz, charbon, néfastes pour les taux de CO2 libérés dans l’atmosphère). « Nous n’avons pas vécu de pénurie d’énergie depuis l’année dernière, assure Hideo Furukawa, écrivain très sensibilisé par l’environnement, et nous allons vivre un été 2012 avec de nouvelles restrictions sans pour autant retomber dans le Moyen Âge. » Les étés étouffants au Japon, qui déclenchent tous les climatiseurs de juin à septembre, font grimper les pics de consommation. Les Japonais s’attendent à revivre dans un environnement « moins frais » que par le passé.
Jeune employé de bureau à Tokyo, Takashi se prépare à « laisser tomber la veste et la cravate » durant l’été. « La climatisation ne fonctionnera pas à plein régime, sourit-il, mais nous ne serons plus obligés de porter la cravate. » Les stations de métro et de train ne seront pas climatisées, et, dans les commerces, une partie des appareils de refroidissement de l’air sera coupée. La température des distributeurs de boissons, qui sont légion au Japon, sera elle aussi régulée, tout comme leur éclairage de nuit. De même, les industries du bâtiment proposent maintenant des matériaux très performants sur le plan de l’isolation et l’intégration de panneaux solaires dans les constructions d’habitations.
Un Japon plus écologique
À la télévision, un nouveau genre de publicité est en train d’apparaître pour tous les nouveaux produits électroménagers comme les aspirateurs, lave-linge, lave-vaisselle, séchoir, écran plat… « moins gourmands en énergie », « produits verts », « respectueux de la nature ». Une sensibilité écologique est en train de prendre une nouvelle dimension. Et Wakao Hanaoka, militant de Greenpeace Japon, défend pour sa part l’idée que « le Japon peut se passer du nucléaire ». Une affirmation loin de faire l’unanimité même si les enquêtes d’opinion montrent aussi un rejet du nucléaire.
Pour Hiedo Furukawa, l’écrivain qui, avec une poignée d’autres intellectuels, appellent à la fin du nucléaire, « il faut dépasser les bons sentiments et regarder la réalité en face. Sommes-nous prêts, nous, Japonais, à sacrifier notre puissante économie et notre niveau de vie au profit d’une dénucléarisation aveugle ? Je ne le pense pas. » Et de suggérer une accélération de la recherche dans le secteur des énergies alternatives. Et on peut compter sur le « génie japonais » pour trouver des solutions alternatives au nucléaire.
Ainsi l’interruption totale de tous les réacteurs nucléaires japonais ne sera probablement que temporaire, compte tenu de la soif d’énergie du pays, estime Shinichiro Takiguchi, directeur de l’Institut de la recherche du Japon. « Le consensus général pour le long terme est de réduire la proportion du nucléaire dans la production d’électricité, mais pas de la supprimer », précise-t-il. « Il est plus raisonnable d’augmenter l’utilisation des autres sources d’énergie et de réduire progressivement la part nucléaire tout en prenant des mesures de sécurité supplémentaires. »
Le traumatisme de la catastrophe de Fukushima demeure toutefois fortement ancré dans les esprits. Pour preuve, une volée de critiques a accueilli il y a dix jours le projet du gouvernement japonais de redémarrer deux réacteurs remplissant les conditions posées à toute relance dans la préfecture de Fukui, à l’ouest du Japon. Le gouvernement avait invoqué le risque de pénurie de courant durant l’été. Un autre argument pourra être avancé par le gouvernement pour briser les résistances : une augmentation très forte des tarifs d’électricité (20 %) dans les mois à venir…
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