28/08/13 - 11h59 Source: AFP
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Pourquoi distinguer officiellement une récente fuite d'eau radioactive à Fukushima alors que maints autres incidents ne l'ont pas été avant, a souligné l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans une réponse écrite à l'autorité de régulation nucléaire japonaise dont la façon de communiquer est critiquée.
La semaine passée, le régulateur japonais avait situé au niveau 3 ("incident grave") sur l'échelle internationale des événements nucléaires (Ines) une fuite de 300 tonnes d'eau hautement radioactive depuis un gigantesque réservoir cylindrique à la centrale nucléaire accidentée Fukushima Daiichi. Cette évaluation a été confirmée mercredi. L'autorité avait décidé au préalable d'interroger l'AIEA sur la pertinence d'utiliser l'échelle Ines pour distinguer cet incident.
Une responsabilité nationale
"L'application de l'échelle Ines et la détermination d'une note Ines sont une responsabilité nationale", a répondu l'AIEA par écrit, selon des documents publiés mercredi par l'autorité nippone. Mais, soulignant que les incidents se sont multipliés à Fukushima et que cette fuite n'est qu'un énième problème du genre, l'AIEA insiste sur le fait que "la plus haute priorité est maintenant d'atténuer les conséquences de la fuite et de prendre des mesures pour empêcher que cela se reproduise". Et l'AIEA de s'interroger toutefois sur la façon dont les autorités entendent expliquer au public et aux médias "pourquoi ils veulent noter cet événement, tandis que des faits similaires précédents ne l'ont pas été".
"Plutôt que d'utiliser l'Ines comme un outil de communication pour noter chaque événement, il serait possible d'élaborer un plan de communication pour expliquer la signification de chaque problème en termes de sûreté", a écrit l'AIEA à l'autorité nippone. Et pour être bien comprise, elle poursuit: "cela permettrait d'éviter d'envoyer des messages contradictoires aux médias et au public sur une longue série d'événements notés sur l'échelle Ines".
L'AIEA met enfin en garde contre l'adoption d'une stratégie de notation en fonction de critères plus ou moins précis, "les fréquents changements de note n'aidant pas à faire état de la situation réelle d'une manière claire".
La situation n'est pas encore claire
Ces remarques interviennent alors que, comme l'a reconnu le président de l'Autorité, Shunichi Tanaka lors d'une conférence de presse, la lumière est loin d'être faite sur cette fuite tandis que l'opérateur de la centrale, Tokyo Electric Power (Tepco), a admis qu'une partie non quantifiée avait pu couler en mer.
"Nous ne savons pas exactement quelle est la situation, ni l'ampleur exacte de la fuite, ni la quantité d'éléments radioactifs, ni où tout s'est répandu", a déploré M. Tanaka. "Ce qui se passe à Fukushima suscite un grand intérêt au Japon et à l'étranger. Il est vrai qu'il est important de communiquer au bon moment et d'une façon claire. A cet égard, la réponse de l'AIEA suggère que l'utilisation de l'échelle Ines est une option mais n'est pas nécessairement toujours le meilleur moyen", a convenu M. Tanaka lors de la réunion hebdomadaire des membres de l'instance de régulation, leur demandant de réfléchir à une stratégie cohérente. En attendant, les autorités locales sont particulièrement remontées contre la compagnie Tepco.
"Je veux que le gouvernement comprenne qu'il s'agit d'une situation d'urgence et prenne les mesures nécessaires pour en venir à bout", a réagi Yuhei Sato, gouverneur de la préfecture de Fukushima, à propos de la récente fuite d'eau selon lui symptomatique de problèmes de gestion de la centrale ravagée. "Tepco est une entreprise qui ment et je doute de sa capacité à exploiter un complexe nucléaire de façon sûre", a pour sa part déclaré son homologue de la préfecture de Niigata (nord-ouest), Hirohiko Izumida.
Ce dernier est à la tête de la région qui héberge la plus grande centrale de l'archipel, Kashiwazaki-Kariwa, également propriété de Tepco. Ce site à 7 réacteurs est actuellement totalement arrêté par précaution depuis le séisme de Niigata en 2007 et le violent tremblement de terre suivi d'un tsunami meurtrier le 11 mars 2011, celui-là même qui a provoqué la catastrophe de Fukushima.