samedi 10 août 2013

L'état de la centrale nucléaire de Fukushima inquiète le gouvernement japonais

L'état de la centrale nucléaire de Fukushima inquiète le gouvernement japonais comme les organisations écologistes. Problème : la communication nébuleuse de Tepco empêche de savoir ce qu'il en est vraiment.


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Le gouvernement va prendre des mesures. Les mots sont du Premier ministre japonais Shinzo Abe, contraint à l'action devant l'ampleur des dégâts post-catastrophe de Fukushima. L'exécutif a avoué publiquement que 300 tonnes d'eau contaminée aux radiations se déversaient chaque jour dans l'océan Pacifique. Les éléments de langage empreints d'anxiété se sont multipliés ces derniers jours : l'Autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA) a parlé d'une «situation d'urgence», provoquant l'inquiétude de la population. Et les louvoiements de la Tokyo Electric Power Company (Tepco), en charge de la centrale, n'arrangent rien à l'affaire. Car la firme tente de noyer le poisson (irradié) depuis deux ans. 

Tepco n'est revenu que fin juillet sur ses affirmations mensongères, selon lesquelles l'eau radioactive était stockée dans le sol. Devant l'incapacité du groupe à décontaminer sa centrale, le gouvernement japonais veut se réapproprier le cas Fukushima. Dont acte. «Sauf que l'Etat possède la totalité de Tepco, ils ne font qu'un, rappelle Yannick Rousselet, spécialiste de la question nucléaire chez Greenpeace. Quand le Premier ministre dit vouloir reprendre les choses en main, c'est uniquement de la communication.» Difficile, en effet, de croire que l'exécutif découvre aujourd'hui les tenants et aboutissants d'un dossier ouvert le 11 mars 2011, jour de la catastrophe. 

«D'ailleurs, il n'y a rien de vraiment nouveau, poursuit Yannick Rousselet. On sait que l'intérieur d'au moins trois des quatre réacteurs est complètement détruit. De fait, il n'y a plus d'étanchéité, ce sont des paniers percés de partout qu'il faut arroser en permanence pour les refroidir.» Cette eau de refroidissement, contaminée, est censée être placée dans des cuves. Problème : elle prend aussi le chemin des nappes phréatiques. Et ces nappes ayant une contenance limitée, elles finissent par déborder dans la mer. Or, cette eau, chargée de césium 137, un produit radioactif issu de la fission de l'uranium, est entrée en contact direct avec la matière nucléaire, le coeur des réacteurs. On imagine sa nocivité... 

IL FAUT UNE EXPERTISE INTERNATIONALE

Le sentiment que personne ne contrôle la situation est plus inquiétant encore. «La principale leçon, c'est que personne ne sait s'il y a une solution technique», déplore le représentant de Greenpeace France. Selon Tepco, il faudra dix ans avant d'espérer approcher les réacteurs et quarante ans pour nettoyer le site. Au moins 20 000 milliards de becquerels ont déjà fui de la centrale. A titre de comparaison, une décontamination est jugée impérative au-delà de 400 becquerels par mètre carré. Le chiffre annoncé, bien que théorique, est astronomique. D'autant que les fuites vont continuer, avec une tendance à la hausse. «La catastrophe de Fukushima n'a fait que commencer le 11 mars 2011», s'alarme Yannick Rousselet. 

N'est-il pas dangereux de laisser le Japon gérer seul la situation? C'est une question essentielle. Face un problème qui semble insoluble, Greenpeace réclame depuis le début une expertise internationale et pluraliste. Le gouvernement japonais n'en veut pas, par fierté nationale. La défiance grandissante de ses citoyens vis-à-vis du nucléaire aura-t-elle raison de ses réticences ?  
Marianne

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