Tepco, l'opérateur de la centrale accidentée de Fuskushima au Japon, a annoncé avoir détecté un taux de radioactivité très préoccupant dans l'enceinte du réacteur 2 : 530 sieverts par heure alors que le précédent record établi en 2012 était de 73 sieverts par heure. Presque six ans après la catastrophe nucléaire, la centrale de Fukushima Daiichi continue d'inquiéter au Japon. Le 2 février, Tokyo Electric Power Co. ou Tepco, l'opérateur de la centrale a annoncé avoir détecté un niveau de radioactivité décrit comme "inimaginable" par certains experts dans l'enceinte d'un des réacteurs les plus endommagés. Fin décembre, Tepco a commencé à mener de nouvelles investigations à l'intérieur de la centrale. Objectif : parvenir à déterminer l'état du cœur des réacteurs dont le combustible a fondu dans les heures qui ont suivi le séisme de mars 2011. Grâce à des simulations et des observations, l’Institut international de recherche sur le démantèlement nucléaire a estimé que le corium, ce mélange radioactif de combustible fondu et de débris, représenterait au total 880 tonnes. Cette masse impressionnante serait répartie dans les trois réacteurs endommagés de Fukushima Daiichi. Or, savoir où se trouve exactement ce corium est indispensable pour envisager le démantèlement. C'est pourquoi Tepco a envoyé au cours du mois de janvier une petite caméra téléguidée au sein du réacteur 2. C'est elle qui a permis de détecter un taux de radioactivité record. 530 sieverts par heure Les ingénieurs de Tepco ont analysé "le bruit électronique" formé sur les images pour évaluer le niveau de radiations dans l'enceinte. D'après leurs calculs, celui-ci atteindrait 530 sieverts par heure. La méthode n'étant pas très précise, il existe une marge d'erreur de 30%, ce qui signifie que le niveau serait compris entre 370 et 690 sieverts par heure. Même en prenant en compte cette marge, le nouveau record est très nettement supérieur au précédent enregistré en 2012 dans le réacteur qui était de 73 sieverts par heure. Un taux déjà considéré comme mortel. L'Institut national des sciences radiologiques a indiqué au Japan Times que les professionnels de santé n'ont jamais considéré faire face à un tel niveau de radiations. Selon eux, une dose de 1.000 millisieverts, soit un sievert, peut causer infertilité, perte de cheveux, nausées et malaise, tandis qu'une dose de 100 millisieverts suffit à augmenter significativement le risque de cancer. Une dose de 4 sieverts entrainerait elle, la mort d'une personne sur deux en un mois. 10 sieverts tueraient un individu en trois semaines. Radioactivité inexpliquée Ce taux de radioactivité est d'autant plus préoccupant que Tepco ignore à l'heure actuelle son origine. Il est possible que les précédentes valeurs aient été sous-estimées et que le niveau ait toujours été assez élevé. Néanmoins, il est aussi possible que quelque chose ait changé à l'intérieur du réacteur. Hiroshi Miyano, professeur de l'Université Hōsei, a déclaré à la chaine NHK que ce "niveau extrêmement élevé de radiations mesuré à un endroit, s'il est exact, peut indiquer que le combustible n'est pas loin et qu'il n'est pas recouvert d'eau". Une hypothèse à vérifier mais qu'appuie un autre détail d'importance repéré par l'opérateur sur les images prises par la caméra. Parmi les structures métalliques de l'enceinte, un trou d'un mètre de large a été détecté sous le réservoir. "Cela pourrait avoir été causé par le combustible nucléaire qui aurait fondu et formé un trou dans le réservoir, mais ce n'est qu'une hypothèse à ce stade", a confié à l'AFP, Tatsuhiro Yamagishi, porte-parole de Tepco. Quelques jours plus tôt, le société avait déjà révélé avoir découvert sur les images des dépôts d'une matière noire accumulés dans la partie inférieure de l'enceinte. Ceci pourrait indiquer que du combustible fondu s'est échappé et répandu dans la structure. Six ans après la catastrophe, ce serait la première fois que Tepco trouve de telles traces dans la centrale. Une découverte qui complique les recherches "Nous pensons que les images capturées offrent des informations très utiles mais nous devons encore enquêter étant donné qu'il est très difficile d'évaluer la situation actuelle à l'intérieur", a souligné le porte-parole de Tepco, assurant qu'aucune radiation ne s'échappe du réacteur. Si elle se confirme, la découverte de combustible fondu serait d'importance pour l'opérateur mais le niveau de radioactivité complique grandement les opérations. A l'heure actuelle, seuls des robots sont capables de s'aventurer à proximité des réacteurs et avec un taux de 530 sieverts par heure, même eux ne vont pas survivre très longtemps. Le dispositif que compte utiliser Tepco est conçu pour supporter une exposition de 1.000 sieverts, ce qui signifie qu'il ne pourra pas tenir plus de deux heures avant de dysfonctionner. En mars prochain, un robot devrait également être envoyé dans l'enceinte du réacteur 1 afin d'évaluer sa situation. Des informations indispensables en vue du démantèlement. Selon les experts, le démantèlement de Fukushima pourrait prendre plus de quarante ans et le retrait en toute sécurité du combustible fondu représente un défi sans précédent dans l'histoire du nucléaire. En décembre, le gouvernement japonais a estimé que le coût total de l'opération, de décontamination de la zone et de stockage des déchets radioactifs devrait atteindre plus de 170 milliards d'euros, soit le double des estimations faites en 2013.
En savoir plus : http://www.maxisciences.com/centrale-de-fukushima/un-niveau-de-radioactivite-inimaginable-decouvert-dans-la-centrale-de-fukushima_art39186.html
Copyright © Gentside Découverte
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire