mercredi 18 mars 2015

Nucléaire: le Japon se lance dans une série de démantèlements précipités par Fukushima


Privé depuis des mois d'énergie nucléaire, le Japon se lance dans le démantèlement d'installations atomiques, précipité par le désastre de mars 2011 qui a déjà condamné les six réacteurs de la centrale accidentée Fukushima Daiichi.

Le porte-parole du gouvernement japonais a déclaré que les compagnies d’électricité pourraient avoir décidé de ne pas remettre certains réacteurs en route en raison de la politique nippone de diminuer la dépendance de l’Archipel à l’énergie nucléaire.

Le secrétaire général du gouvernement Yoshihide Suga a répondu aux questions des journalistes mardi après que deux opérateurs ont annoncé le démantèlement de trois réacteurs vieillissants.
 
M. Suga a indiqué que le gouvernement souhaite créer une société économe en énergie et utiliser autant que possible des énergies renouvelables.
 
En ce qui concerne les déchets radioactifs qui seront générés par les réacteurs démantelés, il a précisé que la responsabilité en revenait aux opérateurs des centrales, précisant que c’est à elles de décider des sites de stockage.


Le ministre japonais responsable des centrales nucléaires s’attend à ce que les opérateurs jouent un rôle central dans l’élimination des déchets nucléaires résultant du démantèlement des centrales nucléaires.

S’adressant aux journalistes mardi, le ministre de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, Yoichi Miyazawa, a aussi exprimé l’espoir que les opérateurs travailleront à sécuriser les sites de stockage nécessaires. 

Le démantèlement d’un petit réacteur générerait environ de 2680 à 6340 tonnes d’équipements contaminés. 

Toutefois, pour le moment, il n’existe pas de site d’entreposage pouvant accueillir ce type de déchets.

Mardi, la compagnie d'électricité Kansai Electric Power, qui alimente une partie de l'ouest de l'archipel, a opté pour la démolition de deux de ses réacteurs trop vieux et dont la prorogation de durée de vie, en théorie possible, serait trop coûteuse

Kansai Electric prévoit de déconstruire les unités Mihama 1 et 2 respectivement mises en exploitation en 1970 et 1972 dans la région de Fukui (ouest) où se trouvent plusieurs centrales atomiques.

La société Japan Atomic Power Company a aussi décidé mardi le démantèlement de Tsuruga 1 (datant de 1970), également dans l'ouest.

Deux autres compagnies régionales, Chubu Electric Power et Kyushu Electric Power, pourraient sous peu annoncer des résolutions similaires pour leurs unités respectives Shimane 1 (1974) et Genkai 1 (1975).

- Une première depuis Fukushima -

C'est la première fois qu'une telle décision est prise depuis l'accident de Fukushima qui entraîne de facto le démantèlement de toutes les tranches du complexe exploité par Tokyo Electric Power (Tepco) dans le nord-ouest de l'archipel.

Le ministre japonais de l'Industrie, Yoichi Miyazawa, a déclaré mardi étudier des dispositions particulières pour aider les localités qui hébergent les réacteurs concernés par ces décisions.

"En tant que pionnier dans le développement de moyens de démantèlement des réacteurs à eau pressurisée (PWR), nous poursuivons les recherches avec le concours des entreprises, universités et centres de recherches de la région", a souligné Kansai Electric.

Depuis le drame de Fukushima provoqué par un tsunami en mars 2011, les réacteurs nucléaires au Japon ne doivent pas fonctionner plus de quatre décennies. Mais, moyennant des contrôles poussés et modifications techniques, ils peuvent en théorie obtenir une dérogation pour 20 ans supplémentaires.

Le gouvernement a demandé l'an passé à tous les producteurs d'électricité du pays de déclarer rapidement leurs intentions au sujet des installations atteignant la limite d'âge, à savoir grosso modo les unités lancées dans les années 1970, au nombre d'une douzaine en plus des six de Fukushima Daiichi.

Tous doivent faire de savants calculs pour comparer les différentes options (démantèlement, travaux de mise en conformité...) en fonction des avantages et inconvénients matériels et financiers qu'il y a à faire tourner ou non chacun de leurs réacteurs.

Pour les cinq, dont le démantèlement est décidé ou en voie de l'être, le coût d'une éventuelle prolongation serait trop élevé au regard de leurs capacités, car il s'agit de modèles de faible puissance (moins de 600 mégawatts pour chaque). 

A l'inverse, trois autres tranches, d'un âge voisin, Takahama 1 et 2 et Mihama 3, pourraient bénéficier d'un prolongement d'activité. C'est le souhait de Kansai Electric qui devrait déposer une demande en ce sens mardi après-midi auprès de l'autorité de régulation nucléaire.

- Priorité au redémarrage -

Actuellement, les 48 réacteurs de l'archipel (sans compter les 6 condamnés de Fukushima-Daiichi) sont arrêtés. Si tous étaient définitivement stoppés au bout de 40 ans, la capacité potentielle nucléaire de l'archipel chuterait à 15% de l'électricité produite à horizon 2030, selon les calculs des organismes spécialisés, soit deux fois moins qu'avant le sinistre de mars 2011.

D'où la volonté de proroger l'usage des plus puissants à défaut d'en construire de nouveaux.

Dans l'immédiat, la priorité du gouvernement de Shinzo Abe est le redémarrage des réacteurs jugés sûrs.

Deux, Sendai 1 et 2 (sud-ouest), qui ont obtenu un feu vert relatif à leur sûreté de la part de l'Autorité de régulation et l'accord indispensable des autorités locales, sont censés reprendre du service dans l'année.

Deux autres, Takahama 3 et 4, exploités par Kansai Electric, ont reçu l'imprimatur technique de l'autorité, mais il leur manque encore l'approbation politique des élus de la région.

Si, selon tous les sondages, la majorité des citoyens japonais sont opposés à l'énergie nucléaire, la mobilisation contre leur relance s'est notablement affaiblie après un pic atteint dans les mois suivant le désastre de Fukushima, au grand dam des organisations écologiques.




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