Le gouvernement japonais et la Compagnie d’électricité de Tokyo ont révisé ce vendredi pour la première fois depuis deux ans leur feuille de route pour le démantèlement de la centrale nucléaire accidentée Fukushima Dai-ichi. Selon ce plan remis à jour, jusqu’à trois années supplémentaires seront nécessaires pour retirer les barres de combustible usagées des piscines de refroidissement, mais les objectifs initiaux sont maintenus à six ans pour commencer à nettoyer le combustible nucléaire qui a fondu et pour terminer le démantèlement en 30 ou 40 ans. Pour notre commentaire du jour, le commentateur vétéran de la NHK Noriyuki Mizuno nous donne des détails sur le démantèlement de la centrale Fukushima Dai-ichi.
Noriyuki Mizuno :
Le retrait du combustible fondu est la tâche la plus complexe lors du démantèlement de la centrale. A l’origine, les experts prévoyaient de remplir les enceintes de confinement du réacteur avec de l’eau avant de procéder au retrait du combustible. Mais ils estiment désormais nécessaire d’étudier d’autres approches qui ne font pas usage d’eau car le colmatage des fuites dans les enceintes pourrait se révéler très complexe. Je les félicite pour avoir admis les limites de leur approche originelle et leur volonté de trouver une nouvelle méthode. Mais il est bien trop optimiste de maintenir les objectifs du calendrier du processus de retrait du combustible et du démantèlement complet de la centrale.
Commençons par nous concentrer sur le retrait du combustible qui a fondu. Il y a 36 ans, du combustible nucléaire a fondu dans la centrale de Three Mile Island, aux États-Unis. Ils ont localisé le combustible usagé trois ans après l’accident et sont parvenus à l’extraire en onze ans parce que tout le combustible était concentré à l’intérieur de l’enceinte pressurisée du réacteur. A l’inverse, le combustible qui a fondu à Fukushima Dai-ichi a probablement percé les enceintes pressurisées et atteint le fond de l’enceinte de confinement. Cela rend le retrait du combustible bien plus complexe qu’à Three Mile Island.
La méthode consistant à remplir l’enceinte d’eau, qui a été utilisée à la centrale de Three Mile Island, est la plus sûre pour éviter que des radiations fortes s’échappent. Mais les responsables de Tepco ont été contraints d’envisager une nouvelle approche qui ne requiert pas d’eau car ils n’ont pas été capables de localiser toutes les parties endommagées des enceintes de confinement. La nouvelle méthode envisagée désormais pourrait augmenter les risques d’exposition des ouvriers aux radiations. Elle pourrait également occasionner une dispersion de poussière radioactive, éventuellement même en dehors de la centrale.
Tepco maintient son objectif de terminer le démantèlement de la centrale d’ici 30 à 40 ans, mais il n’existe aucun fondement précis pour ce calendrier. Chaque mois, plusieurs milliers de tonnes de déchets radioactifs s’accumulent à l’intérieur de la centrale.
Même si cela prend beaucoup de temps, Tepco et le gouvernement devraient accorder la priorité à la sécurité et établir un système qui leur permet de procéder sans interruption au démantèlement.
Radio Japon :
C’était le commentateur vétéran de la NHK Noriyuki Mizuno qui détaillait pour nous les enjeux du démantèlement de la centrale nucléaire endommagée Fukushima Dai-ichi.
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