mercredi 30 novembre 2011

Mettre hors service tous les réacteurs nucléaires

Le gouverneur de la préfecture de Fukushima dans le nord du Japon va demander au gouvernement central et à la Compagnie d'électricité de Tokyo de mettre hors service tous les réacteurs nucléaires sur son territoire.

La préfecture compte 10 réacteurs atomiques, parmi lesquels 6 à la centrale Fukushima Dai-ichi. Quatre d'entre eux ont été endommagés à la suite du séisme et du tsunami du 11 mars.

Rencontrant la presse mercredi, le gouverneur Yuhei Sato a déclaré que le plan de reconstruction de son administration réclamera le démantèlement de tous les réacteurs. Le plan en question veut accorder la priorité à la sécurité des enfants, a-t-il ajouté.

Selon M. Sato, les autorités préfectorales sont arrivées à cette conclusion après avoir discuté des effets que le déclassement des réacteurs aurait sur l'emploi, l'économie et les finances des municipalités. Le gouverneur a souligné que la préfecture fera le maximum pour créer des emplois en faveur des personnes actuellement embauchées dans les centrales.

M. Sato est le premier gouverneur d'une préfecture abritant des centrales nucléaires à demander la mise hors service d'installations atomiques au lendemain d'un sérieux accident.

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Au Japon, 19 des 54 réacteurs nucléaires existants, soit un tiers d'entre eux, sont entrés en service il y a plus de 30 ans. Dans 5 ans, plus de la moitié de tous les réacteurs de l'Archipel auront plus de 30 ans d'âge. Le réacteur numéro 1 de la centrale Fukushima Dai-ichi où s'est produit la catastrophe est en service depuis 40 ans.

L'Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle a organisé mardi la première rencontre d'un panel de spécialistes, chargés de revoir les réglementations en matière de vieillissement des centrales atomiques. Dans ce commentaire, le professeur Tsuyoshi Misawa de l'Institut du réacteur de recherches de l'université de Kyoto nous donne son avis sur les questions, liées au vieillissement des centrales nucléaires.

Radio Japon :
Professeur Misawa, existe-t-il au Japon une législation qui réglemente la durée de vie des centrales atomiques ?

Tsuyoshi Misawa :
Au Japon, une durée 30 ans a été fixée comme norme. Selon la loi, quand une centrale a été en activité pendant 30 ans, sa sûreté est évaluée avant de décider si oui ou non elle sera maintenue en activité. Passé cette période, le même genre d'évaluation est censé être effectué tous les 10 ans. Mais la législation ne stipule pas le nombre de fois que l'évaluation de sûreté devra être répétée.

Radio Japon :
Quels genres de problèmes en rapport avec les mesures de sûreté existent pour les centrales nucléaires vieillissantes ?

Tsuyoshi Misawa :
Le problème principal a trait au remplacement de certaines pièces ou dispositifs qui ne sont plus disponibles lorsqu'une centrale prend de l'âge. Tant que l'on dispose de pièces de substitution, elles peuvent remplacées quand cela s'avère nécessaire et la centrale peut alors continuer à fonctionner. Mais techniquement parlant, il est difficile voire impossible de remplacer la cuve sous pression qui constitue l'élément central du réacteur.

La cuve sous pression est la partie capitale à l'intérieur de laquelle sont maintenues les barres de combustible. La pression intérieure y est très élevée et elle est exposée à de fortes radiations, ce qui la rend sensible à la détérioration de ses matériaux. Examinons ce qui s'est passé à la centrale de Fukushima. Si la cuve sous pression était restée intacte quand s'est produite la fusion du combustible, des substances radioactives n'auraient pas été relâchées à l'extérieur. A Fukushima, le réacteur numéro 1 était le plus ancien et c'est celui qui a explosé le premier. Il est aussi parfaitement possible qu'un réacteur âgé présente des problèmes non seulement au niveau de ses matériaux, mais aussi que, dans leur ensemble, les systèmes de sécurité qui le protègent soient plus faibles que ceux des réacteurs plus récents. Quand on réfléchit à la sûreté des réacteurs nucléaires, il me semble que des évaluations plus strictes que les actuelles sont nécessaires pour les modèles anciens.

Radio Japon :
C'était l'avis du professeur Tsuyoshi Misawa de l'Institut du réacteur de recherches de l'université de Kyoto.



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