Le Monde.fr avec AFP et Reuters | • Mis à jour le
De l'eau accumulée à la centrale accidentée de Fukushima pourrait être volontairement rejetée en mer, une fois assainie, a prévenu lundi 2 septembre le président de l'Autorité japonaise de régulation du nucléaire (NRA) .
"Nous pourrions envisager de rejeter de l'eau dans l'océan à condition que le niveau de contamination radioactive soit ramené sous la limite légale", a déclaréShunichi Tanaka lors d'une conférence de presse.
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"J'insiste sur le fait que cela ne peut concerner que l'eau très faiblement radioactive, qui aura été assainie", a poursuivi le patron de l'instance indépendante mise en place en septembre dernier. "Il sera à un moment inévitable de mettrecette eau quelque part, dans l'océan ou ailleurs", a-t-il dit.
PAS DE DÉROGATION
"Le seuil de contamination appliqué sera celui qui est admis au niveau internationalpour les eaux habituellement rejetées par les installations nucléaires en fonctionnement normal. Nous ne chercherons pas à bénéficier d'une dérogation pour nous affranchir de ces limites admissibles", a promis M. Tanaka.
"Si nous décidons de rejeter de l'eau en mer, nous ferons tous les efforts pourdescendre les niveaux le plus possible sous la limite admissible en utilisant le dispositif de décontamination appelé ALPS", a-t-il détaillé. Reste que, pour le moment, ledit ALPS (conçu par le groupe nippon Toshiba) est en panne depuis plusieurs mois. De plus, si cet équipement complexe peut a priori filtrer soixante produits radioactifs, il ne permet pas de retirer le tritium. "D'autres moyens supplémentaires seront donc nécessaires", a reconnu M. Tanaka.
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400 000 TONNES D'EAU POLLUÉE
Tokyo Electric Power (Tepco), la compagnie gérante de la centrale de Fukushima, mise en péril par le tsunami du 11 mars 2011, doit déjà faire face à quelque 400 000 tonnes d'eau polluée enfouie dans le sous-sol ou stockée dans un millier de réservoirs spéciaux, un volume qui augmente chaque jour de 400 tonnes, même si une partie se déverse aussi directement dans la mer, faute de moyens pour labloquer pour le moment.
Récemment, un réservoir a en outre perdu 300 tonnes de liquide hautement radioactif, dont une partie a rejoint l'océan, et plusieurs points de forte contamination du sol ont été relevés ailleurs, montrant les très grandes difficultés auxquelles est confrontée la compagnie Tepco, et avec elle l'autorité et le gouvernement.
"Un groupe de travail a été mis en place pour étudier concrètement quelles mesures prendre et nous allons commencer des contrôles réguliers des effets de l'eau contaminée sur l'environnement", a affirmé lundi M. Tanaka, précisant que rien ne démontrait l'apparition de nouvelles fuites radioactives à Fukushima, où des radiations d'un niveau élevé ont été enregistrées ces derniers jours.
Tepco a en effet annoncé dimanche que le niveau de radioactivité relevé dans un réservoir contenant de l'eau contaminée était dix-huit fois supérieur à celui mesuré voici encore dix jours.
Une radioactivité de l'ordre de 1 800 millisieverts par heure – assez pour tuer en quatre heures une personne qui y serait exposée – a été calculée samedi près du fond d'un réservoir d'eau, a déclaré Tepco. Le 22 août, la radioactivité mesurée dans le même réservoir était de 100 millisieverts par heure.
La centrale de Fukushima, sur la côte nord-est du Japon, a été détruite par le tsunami du 11 mars 2011, consécutif à un tremblement de terre exceptionnel. Il s'agissait du plus grave accident nucléaire depuis celui de Tchernobyl un quart de siècle plus tôt.
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