Aujourd'hui, nous avons demandé à Tatsujiroo Suzuki, vice-président de la Commission japonaise de l'énergie atomique, de nous éclairer sur la politique nucléaire du Japon.
La Commission japonaise de l'énergie atomique a un pouvoir de décision sur les questions relatives aux centrales nucléaires et sur les activités de recherches et de développement liées à ce secteur. C'est donc une organisation très influente sur la politique nucléaire japonaise.
Quelles seront les conséquences de la crise actuelle sur la politique nucléaire du gouvernement ?
Tatsujiroo Suzuki :
Les autorités prévoyaient la création de 14 nouveaux réacteurs nucléaires, l'objectif étant notamment de stabiliser l'approvisionnement énergétique et de parvenir à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 25 pour cent, à l'horizon 2020.
Mais dans le contexte actuel, nous devons reconsidérer ces objectifs liés aux changements climatiques et remettre en question la place du nucléaire dans notre politique énergétique. Il convient donc d'ouvrir un vaste débat sur les énergies renouvelables, notamment l'énergie solaire, et de définir une véritable politique d'économie énergétique. Tous ces sujets doivent désormais être abordés.
Radio Japon :
Depuis le 11 mars, l'énergie nucléaire est remise en question dans le monde entier. Comment le Japon peut-il s'inscrire dans cette dynamique ?
TS :
Aujourd'hui, il y a environ 400 réacteurs nucléaires dans le monde. Le Japon doit fournir un maximum d'informations à la communauté internationale. Les conclusions de l'enquête sur l'accident nucléaire devront être publiées le plus rapidement possible, même si elles ne sont pas définitives, car je pense que le Japon doit faire tout son possible pour contribuer à la sécurisation des centrales nucléaires du monde entier.
C'était le commentaire de Tatsujiroo Suzuki, vice-président de la Commission japonaise de l'énergie atomique.
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Cette semaine, dans notre commentaire, nous demandons à plusieurs experts et responsables leurs impressions sur le séisme et le tsunami du 11 mars.
Dans la deuxième partie de cette série, Tamotsu Nomura, directeur exécutif de l'Association sur les effets des radiations, nous parle de la gestion des catastrophes impliquant un accident nucléaire. M. Nomura a également servi à la tête du Centre d'assistance et de formation aux urgences nucléaires pendant quatre ans et demi, à partir de 2001.
Radio Japon
Près de deux mois se sont écoulés depuis le début des troubles à la centrale nucléaire Fukushima Dai-ichi, mais les habitants des zones proches qui ont été évacués ne sont toujours pas rentrés chez eux. En tant qu'expert impliqué pendant longtemps dans la gestion des crises nucléaires, que pensez-vous de cet accident ?
Tamotsu Nomura
Les substances radioactives libérées lors de l'accident en cours à la centrale ont contaminé une vaste superficie. Mais je pense que le gouvernement et les autorités locales ont pu prendre des mesures appropriées contre la fuite de radiation, en évacuant les habitants, en les exhortant à ne pas consommer de nourriture et d'eau contaminées, et en limitant les expéditions de produits agricoles dont les taux de radiation sont élevés.
Mais il est particulièrement préoccupant que certaines personnes soient victimes des rumeurs sans fondement déclenchées par l'accident nucléaire. J'ai entendu parler de cas de discrimination à l'encontre d'habitants de Fukushima forcés à s'implanter ailleurs. Des enfants de Fukushima ont été victimes de brimades à l'école, et des véhicules immatriculés dans la préfecture ont été vandalisés, et tout cela à cause de rumeurs sans fondement scientifique. La peur des radiations a également affecté les exportations japonaises et d'autres activités économiques.
Radio Japon
Quelles sont les leçons à tirer de cet accident nucléaire et comment devrions-nous nous préparer à d'éventuelles catastrophes futures ?
Tamotsu Nomura
Je pense que certains problèmes ont fait surface lors de la réponse initiale à la crise de Fukushima. Les accidents nucléaires devraient être gérés de manière intégrée, en établissant une sorte de "tour de contrôle" qui recueillerait les informations, prononcerait les jugements qui s'imposent et prendrait en charge la gestion de la crise. Mais un tel système ne fonctionnait pas lors de l'accident de Fukushima.
L'idée de base en ce qui concerne la gestion des crises est de trouver les moyens de se préparer à une importante catastrophe qui n'arrive que très rarement. Je pense que le Japon n'était pas prêt dans ce sens. Les experts, moi compris, savions très bien qu'il était important de se préparer à une catastrophe complexe, avec séisme, tsunami et accident nucléaire. C'est d'ailleurs une question dont nous avons parlé plusieurs fois.
Cétait Tamotsu Nomura, directeur exécutif de l'Association sur les effets des radiations et spécialiste de la gestion des catastrophes.
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